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Par: Amel Ben Zakour

La baisse récente du prix du pétrole, qui a reculé de plus de 55% depuis septembre 2014, pourrait constituer une aubaine temporaire pour les pays importateurs avec le risque de léser les pays exportateurs. Ces derniers, se situant dans les régions du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord, du Pakistan, de l’Afghanistan (MOANAP), du Caucase et de l’Asie Centrale (CAC) , doivent affronter de nouvelles réalités économiques. En effet, avec un prix d’équilibre du baril de pétrole brut qui se stabilisera entre 50 et 70 dollars en 2015[1], leurs recettes d’exportation de pétrole devraient diminuer considérablement. Selon une estimation du FMI, les recettes des pays du conseil de coopération du golf devraient baisser d’environ 300 milliards de dollars[2].

Source : prixdubaril.com

Ce qui tire les prix du pétrole vers le bas est la confrontation de l’offre et la demande. Le ralentissement considérable de certaines économies, comme l’économie chinoise, a affaiblit la demande. En chine, la croissance de l’industrie est inférieure à 7% par an[3] et plusieurs secteurs industriels stagnent ce qui entraine une diminution de la consommation de pétrole. En ce qui concerne l’offre, elle a été abondante et a dépassé la demande. Cet écart excédentaire est dû essentiellement à l’exploitation du gaz de schiste aux Etats Unis et au refus de l’OPEP de limiter sa production de l’or noir. Selon Patrick Artus, chef économiste et membre du comité exécutif de Natixis, l'écart entre capacité de production mondiale et demande mondiale de pétrole est considérable, il s’élève à 6 millions de barils par jour[4].

Par ailleurs, la politique monétaire actuelle de la FED impacte négativement le prix du baril via l’appréciation du dollar et le mouvement haussier des taux de d’intérêt réels.

Les pays exportateurs accuseront moins de recettes et leurs excédents budgétaires et soldes extérieurs risquent de diminuer. Selon un rapport de la Banque Mondiale, certains pays producteurs de pétrole sont plus vulnérables que d’autres tels que la Lybie et le Yémen. L’Iran et l’Irak enregistreraient une baisse de leur balance commerciale de plus de 10% du PIB en 2015[5].

Les pays exportateurs de pétrole disposant de larges réserves ont une situation économique moins critique, tels que les pays exportateurs faisant partie du Conseil de coopération du Golf. L’Arabie Saoudite est parmi les pays les plus à même à faire face à cette chute du prix des pétroles vu l’importance de ses réserves.

Le FMI recommande aux pays exportateurs « d’ajuster progressivement leurs dépenses, réformer leurs subventions énergétiques et diversifier leur économie en dehors du pétrole »[6].

Pour les pays exportateurs qui vont trouver des difficultés à faire face à leurs dépenses publiques, Lili Mottaghi, économiste de la Banque mondiale pour la région MENA, recommande « d’effectuer des ponctions sur leurs réserves, de contracter des dettes, et/ou de réduire les dépenses au titre des subventions aux carburants et des traitements dans le secteur public » [7].

 

[1] Source : IFP EN, Mars 2015 (http://www.lesechos.fr/industrie-services/energie-)

[2] FMI, Janvier 2015.

[3] Alternatives Economiques, Novembre 2014.

[4] Op.cit.

[5] Banque Mondiale, Janvier 2015.

[6] Bulletin du FMI, Janvier 2015.

[7] Banque Mondiale, Janvier 2015.

 

 

 

14 millions : tel est le nombre de touristes accueillis par Dubaï et Abu Dhabi en 2013, soit une augmentation de plus de 250% en dix ans... et seulement un tiers des visiteurs prévus à l’horizon 2024 ! La santé florissante du tourisme émirati est le résultat d’une volonté politique, relayée et concrétisée par les investisseurs privés et publics.

Stratégiquement situés au carrefour des continents asiatique, africain et européen, à moins de 4 heures d’avion pour un tiers de la population mondiale, les EAU sont LA destination touristique montante, aux perspectives les plus prometteuses. Si Dubaï et Abu Dhabi ont conquis leurs millions de visiteurs grâce à une infrastructure hôtelière étoffée et haut de gamme, une architecture avant-gardiste – Burj Khalifa est à ce jour la plus haute tour jamais construite (828 m) – et d’innombrables attractions ludiques et commerciales, les autres émirats proposent, à l’inverse, une expérience plus authentique, ancrée dans les trésors culturels, historiques et naturels de la région : Sharjah a ainsi été désignée Capitale de la culture islamique en 2014, tandis que Ras Al Khaymah est la destination tendance des « locaux », avec ses 64 kms de plages de sable blanc baignées d’eaux turquoises. Le tourisme d’affaires n’est quant à lui pas en reste : les EAU sont devenus un « spot » mondialement réputé pour les MICE – Meetings, Incentives, Conventions and Exhibitions.

 

La diversité et l’exhaustivité de l’offre touristique émiratie explique les résultats exceptionnels et l’impact grandissant du secteur dans une économie qui repose toujours sur la rente issue des hydrocarbures. Selon les données 2013 du World Travel&Tourism Council, le tourisme a contribué à un peu plus de 14% du Produit Intérieur Brut (PIB) des EAU, ce qui en fait, juste derrière les services financiers, un acteur économique plus influent que l’éducation et les industries automobile ou chimique. En termes d’emploi, le secteur a été à l’origine de la création de plus d’un poste sur dix aux EAU : près de 395 000 emplois sont directement ou indirectement générés par le secteur, soit 22 fois plus que celui des hydrocarbures.

 

La croissance fulgurante du tourisme et de l’hôtellerie aux EAU et ses perspectives de développement placent dès à présent Dubaï en embuscade pour ravir prochainement à Londres sa place de ville accueillant le plus de touristes au monde (16 millions annuellement). Les autorités tablent en effet sur une croissance moyenne de +5% par an sur les dix prochaines années ; à titre de comparaison, le PIB global des Emirats augmentera de 2,6% par an durant cette période.

 

Ces chiffres résultent d’un programme de développement ambitieux, « Tourism Vision 2020 ». Approuvé en mai 2013 par S.E. Sheikh Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, actuel Gouverneur de Dubaï, Vice-Président et Premier Ministre des EAU, et mis en œuvre par le DubaiDepartment of Tourism and Commerce Marketing, ce programme a pour objectif d’accélérer la transition de Dubaï d’un hub régional à une destination mondialement réputée pour son offre événementielle et de loisirs. Pour parvenir au doublement du nombre de touristes et au triplement de la contribution du secteur dans l’économie en 2020, les investisseurs publics et privés sont engagés conjointement à développer l’infrastructure requise : Al Maktoum International est appelé à devenir le plus grand aéroport au monde (160 millions de passagers à terme), 29 000 chambres d’hôtel seront créées d’ici 2016 afin de compléter les 113 000 déjà existantes et 45 000 supplémentaires seront aussià fournir pour 2020 afin d’accueillir les 25 millions de visiteurs attendus (dont 70% d’étrangers) de l’Exposition Universelle– une première dans la région Moyen-Orient / Afrique du Nord. En soutien à l’effort d’investissement colossalqui s’élève, selon les estimations officielles, à 7 milliards de dollars, une taxe spécifique – le « Tourismfee », d’un montant variant de 7 à 20 dirhams émiratis – est exigible depuis mars 2014 à tout client d’hôtel, d’appart-hôtel, guesthouse et résidences de villégiature aux EAU.

Bien plus que fortement recommandée, la destination « E.A.U » est désormais un passage obligé dans les circuits du tourisme mondial

Par: Mohamed-Monther Belgeith

La 12ème édition du rapport « Doing business 2015 » a été publiée à l’occasion dernier Forum Economique Mondial à Davos sous le titre « Au-delà de l’efficience ». Ce rapport, tel qu’il est indiqué dans son avant-propos, « essaye de déceler et de mesurer les principales caractéristiques d’une économie, à savoir, la facilité de faire des affaires, du commerce et des échanges. Ce qui permet aux gouvernements, aux dirigeants des entreprises et aux chercheurs de disposer des données et des analyses évaluables permettant de promouvoir un cadre réglementaire favorisant le développement, la création d’emploi et la croissance »1.

L’édition de 2015 a permis de constater une amélioration du cadre réglementaire des affaires dans 123 pays sur les 189 pays concernés par l’étude. Il a répertorié 230 réformes impactant l’environnement des affaires dont 145 ciblant la réduction la complexité et le coût affectant cet environnement et 85 visant le renforcement des institutions juridiques.

Si le rapport de 2015 s’est attelé à mesurer les performances des différentes économies dans 11 domaines2, il n’en demeure pas moins que le domaine se rapportant à « la régulation du marché du travail » n’a pas été intégré dans le classement de cette année. Le rapport comporte, par contre et pour la première fois des données recueillies dans 2 villes dans 11 pays dont le nombre d’habitants excède 100 millions. Cela a permis de montrer que les différences entre les villes sont plus fréquentes sur le plan des indicateurs mesurant les étapes, les délais et les coûts pour effectuer une transaction, dans la mesure où les agences locales jouent un rôle plus important.

Le classement établi en 2015 révèle que c’est Singapour qui occupe toujours la tête du classement avec un score (DDF)3 de 88.27 suivie par la Nouvelle Zélande, Hong Kong, le Danemark et la Corée du Sud.

La Suisse, quant à elle, arrive en 20ème position réalisant une avancée de 2 places par rapport au classement de 2014. Cette amélioration dans le classement a été constatée dans 4 domaines dont notamment celui de « La protection des investisseurs minoritaires » où elle est passée de la 123ème à la 78ème position grâce aux mesures prises pour le renforcement de la protection des investisseurs minoritaires en améliorant le niveau de la transparence exigée de la part des sociétés cotées en bourse. Sur le plan de « la création d’entreprise », elle a gagné 8 places passant de la 77ème à la 69ème position en raison de l’introduction de procédures en lignes. La Suisse s’est distinguée, en outre, par les facilités introduites dans le domaine de « règlement de l’insolvabilité » par l’instauration d’un moratoire durant la période de préparation d’un accord de réorganisation par le débiteur, permettant une meilleure participation des créanciers dans la procédure de réorganisation et la clarification des procédures d’annulation des transactions. Cela lui a permis de gagner 2 places dans le classement dans ce domaine.

Cependant, et même si elle a réalisé son meilleur score dans le domaine du « raccordement à l’électricité » où elle s’est placée à la 5ème position, il y a lieu de remarquer qu’elle a y a perdu sa 4ème place qu’elle occupait en 2014.

Pour ce qui est des pays arabes4, c’est l’économie des Emirats Arabes Unis qui a réalisé la meilleure performance en se plaçant à la 22ème place du classement mondial avec un score de 76.81 points soit une avancée de 3 positions dans le classement et une amélioration du score de 1.73 points par rapport à 2014.

Le Royaume d’Arabie Saoudite arrive loin derrière dans le classement mondial (49ème place) suivi du Qatar (50ème), du Bahreïn (53ème) et de la Tunisie (60ème).

Si quelques pays de la région arabe ont légèrement amélioré leurs performances dans les domaines couverts par le rapport, force est de constater que le rythme des améliorations reste en deçà du rythme requis pour donner plus de tonus et d’attractivité à leur économie. En effet, et même si 14 pays arabes ont amélioré leur score entre 2014 et 2015, seuls deux pays ont réussi à améliorer leur classement, à savoir : les Emirats Arabes Unis (passant de la 25ème place en 2014 à la 22ème en 2015) et l’Egypte (de la 113ème à la 112ème position). Deux pays ont maintenu leur position dans le classement, il s’agit du Bahreïn 53ème, et de la Libye, qui occupe, toujours l’avant dernière position. La Tunisie, le Yémen, l’Iraq, la Syrie et la Mauritanie ont vu leur score et leur classement régresser simultanément. Il est clair que la situation sécuritaire et l’instabilité politique qui y sévissent les ont empêchés d’apporter les réformes nécessaires pour améliorer l’environnement des affaires de leur économie.

Cette situation défavorable de la majorité des économies arabes apparaît clairement, par ailleurs, à travers la comparaison entre les performances des différentes régions géographiques présentées par l’étude qui révèle que la région «Moyen-Orient et Afrique du Nord » a enregistré l’amélioration moyenne la plus faible du score (DDF) soit 0.31 points alors que la région d’Europe et d’Asie Centrale a réalisé la moyenne d’amélioration la plus élevée avec 1.56 points.

Sur le plan des réformes les plus marquantes, l’économie des Emirats Arabes Unis, qui est citée parmi les dix économies qui ont enregistré des améliorations dans 3 domaines ou plus, s’est distinguée dans 3 domaines particuliers à savoir :

  • « Le transfert de propriété » grâce à l’introduction de nouveaux centres de services et d’un contrat standard de transfert de propriété ;
  • « l’obtention des prêts » par la promotion de l’information sur les crédits par le bureau des crédits ;
  • « la protection des investisseurs minoritaires » par l’introduction d’exigences supplémentaires d’approbation pour les transactions entre les parties liées et de plus grandes exigences en matière de divulgation de telles opérations à la bourse.

Aussi, faut il relever que les EAU arrivent en pôle position en matière de « paiement de taxes » avec un score de 99.4 et en 4ème position dans 3 domaines à savoir, « l’octroi de permis de construire », « le raccordement à l’électricité » et le « transfert de propriété ». Cependant, en matière « d’exécution de contrats », le classement des EAU n’est pas conforme à son rang puisqu’elle n’occupe que la 121ème place. Des améliorations notables devraient être envisagées sur ce plan ainsi qu’en matière de « règlement de l’insolvabilité ».

 

La Suisse et les Pays Arabes dans le rapport -Doing Business 2015 Population P.I.B/Tete (US $) DOING BUSINESS DDF 2015 DOING BUSINESS DDF 2014 DOING BUSINESS Classement 2015 DOING BUSINESS Classement 2014
Suisse 8100000 86600 77,78 76,26 20 22
Emirats Arabes Unis 9300000 38620 76,81 75,08 22 25
Arabie Saoudite 28800000 26200 69,99 70,02 49 44
Qatar 2200000 85550 69,96 69,87 50 45
Bahrain 1300000 27435 69 68,01 53 53
Tunisie 10900000 4360 67,35 67,45 60 56
Oman 3600000 25289 66,39 66,37 66 60
Maroc 33000000 3030 65,06 64,43 71 68
Kuweit 3400000 47639 63,11 63,05 86 79
Liban 4500000 9870 60,61 60,6 104 102
Egypte 82100000 3160 59,54 59,17 112 113
Jordanie 6500000 4950 58,4 58,29 117 116
Yemen 24400000 1330 54,84 54,89 137 135
Palestine 4200000 1665 53,62 53 143 139
Algrie 39200000 5290 50,69 50,42 154 147
Djibouti 900000 1595 50,48 49,35 155 154
Iraq 33400000 6710 50,36 50,79 156 146
Iles commores 700000 880 49,56 49,02 159 156
Soudan 38000000 1130 49,55 49,48 160 153
Syrie 22800000 2803 46,51 46,91 175 165
Mauritanie 3900000 1060 44,21 44,69 176 173
Libye 6200000 11046 33,35 33,36 188 188

 

Misant sur l’immobilier, la finance et le tourisme, l’émirat de Dubaï fonde son ascension économique en moins de dix ans. Il est, dés lors, considéré comme un acteur majeur de la place économique mondial, le rendant fortement dépendant de la conjoncture internationale. C’est ainsi que la crise des subprimes et l’effondrement de Lehmann Brothers en 2007 ne tardent pas à plonger l’émirat dans une crise financière sans précédant atteignant son point culminant en 2009. Les emprunts massifs contractés par les plus importantes entités de l’Etat tels Dubaï World et Nakheel pour financer des mégas projets commerciaux et résidentiels ont concourut à l’éclatement de la bulle immobilière ; faisant trembler plusieurs marchés internationaux et menacé de faillite l’émirat entier. Laissé pour agonisant, qu’en est-il advenu, aujourd’hui, pour cet oasis du Moyen-Orient, souvent affilié à la « Suisse » du Monde Arabe ?

A l’image d’un dirigeant d’entreprise exposé au risque imminent de banqueroute, l’Emir Mohammed Ben Rashid fait preuve de volontarisme politique, qui conduira à la reprise de la croissance rappelant même les années de boom économique. Déblocage de crédit en provenance de son voisin Abu-Dhabi pour couvrir une partie des dettes, négociation de rééchelonnement de ses dettes auprès de ses créanciers et appui sur d’autres leviers économiques tels que le tourisme et le commerce sont autant de facteurs conjurant la crise.

Mais apprendre de ses erreurs semble figurer parmi les devises de l’émirat, puisque la diversification de l’économie constitue aussitôt l’objectif de la région. Consciente des prévisions de raréfaction des réserves pétrolières et des incontournables défis auxquels elle doit faire face pour s’aligner sur le marché économique mondial, cette dernière poursuit sa politique de grands projets en faveur des nouvelles technologies, et relance, de plus belle, le tourisme et le commerce. Elle accompagne cette reprise par le développement d’infrastructures de communications, d’accueil, de transport et de loisirs. Dubaï s’érige en plateforme imparable du commerce internationales. Maintenant dans sa politique son extrême volonté d’attirer les capitaux étrangers, elle se consacre davantage à l’édification de zones franches ; à l’instar de la célèbre Dubaï Internet City spécialisée dans les TIC, d’autres zones franches voient le jour, notamment dans le secteur de la médecine et de la recherche biologique. Dubaï prend également part dans le domaine de l’humanitaire avec l’instauration de la cité humanitaire internationale. De quoi redorer son blason et contribuer à l’élargissement de son assise internationale.

Par ailleurs, plusieurs projets sont annoncés depuis 2012, comme la cité Mohammed Ben Rashid ambitionnant de dépasser en superficie le célèbre Hyde Park de Londres, des centaines d’hôtels ainsi que des parcs à thème. Plus visionnaire que jamais, la cité-état projette de préparer le temps de l’après pétrole en se concentrant sur les dérivés pétroliers et la sidérurgie. Aspirant à braver tous les gages de la mondialisation, Dubaï s’engage à devenir le leader des destinations touristiques et poursuivre la croissance des aéroports et du commerce de détail pour détenir la première place du rang mondial. Des ambitions qu’elle s’apprête à concrétiser puisqu’en 2012, elle est considérée comme l’économie la plus compétitive du Moyen-Orient.

Des projets et des perspectives d’avenir qui indiquent indubitablement une bonne santé économique, une stabilité politique et une liberté sociale, rarement atteinte dans les autres pays islamique. Sa sélection comme ville organisatrice de l’exposition universelle de 2020 face au Brésil, à la Turquie et à la Russie témoigne de l’unanime reconnaissance internationale. Additionné aux facilités octroyées aux investisseurs étrangers telles que les zones franches organisées par secteurs ou encore la possibilité de faire des affaires sans s’allier aux partenaires locaux lui vaut un environnement d’affaire des plus attrayant sur la scène mondiale.

Par : Alexandrina Iremciuc

Selon le Crescent Rating [1], une organisation musulmane qui promeut les voyages halal, le tourisme islamique représente un chiffre d’affaires de 113 milliards de francs suisses en 2011 et pourrait même atteindre près de 200 milliards d’ici 2020. La Suisse, pour laquelle le tourisme est la troisième industrie nationale, œuvre depuis des années déjà pour attirer le « tourisme voilé » et depuis un peu plus d’une décennie elle y arrive, et notamment à Genève qui fait figure de pionnière.

Tout a commencé dans les années 2000 avec le séjour du roi Fahd d’Arabie dans une vaste propriété qu’il possède en campagne genevoise. Ensuite, ont suivi les princes et l’entourage de l’émir du Qatar. Puis, pendant la guerre du Liban, les hommes d’affaires du Golfe et leurs familles ont préféré les rives tranquilles du Léman. Depuis, un séjour après le Ramadan est devenu un must pour la bourgeoisie moyenne-orientale , comme l’illustre les 80% d’augmentation de nuitées à Genève. C’est dire que le « tourisme voilé » est désormais la poule aux œufs d’or de l’hôtellerie suisse.

En été, devant les palaces de la ville situés au bord du lac Léman, il est fréquent de voir des touristes arabes admirant la vue et profitant de la fraicheur du lac, pendant que leurs enfants commandent des glaces aux divers parfums. Les prestations de service de certains palaces sont adaptées à la clientèle moyenne-orientale qui mettent à disposition tapis de prière avec boussole intégrée et un Coran, tout comme une grande diversité de jus de fruits dépourvus d’alcool. Certains hôtels de luxe vont encore plus loin, mettant à disposition de leur clientèle fortunée une cuisine halal, la possibilité d’avoir un personnel exclusivement féminin dans les spas et pour le service de chambre, ou encore en vendant dans leurs boutiques des burkini (burka-maillot de bains).

Deux événements, en particulier attirent le tourisme arabe à Genève : le Salon international de l’automobile et les Fêtes de Genève.

La clientèle moyen-orientale apprécie particulièrement à Genève le climat : pouvoir se balader au bord du lac à pieds plutôt qu’en voiture climatisée n’a pas de prix, tout comme le shopping dans les boutiques de luxe. Les magasins genevois proposent des heures d’ouverture exceptionnelles et privées, pour attirer cette riche clientèle et les restaurants se donnent à cœur joie pour leur proposer des plats aux saveurs préférées de ces clients privilégiés, soient-ils halal ou juste des adaptations des concepts de restauration de monde. Quant aux fleuristes, ils épuisent volontiers leurs stocks pour embellir les chambres d’hôtels de luxe et les tables de ces invités d’honneur.

La clientèle moyenne-orientale est également très sensible aux plaisirs offerts aux enfants et aux attractions proposées dans le cadre des Fêtes de Genève, ce qui ont fait de précieux adeptes pour les organisateurs, au point qu’une année la date de celles-ci a même été reportée en raison du Ramadan afin de pouvoir compter sur leur présence.

Chaque année, Genève se plie en quatre pour plaire à ces touristes de marque qui, pendant les quelques jours du Salon de l’auto et des Fêtes de Genève, transforment l’atmosphère de la ville. Ils le valent bien, dit-on, ce sont aussi eux qui enrichissent le prestige de la Genève Internationale.

Mais Genève n’a aujourd’hui plus le monopole du « tourisme moyen oriental ». Interlaken, dans les Alpes bernoises, a aussi misé sur ce nouveau tourisme. L’hôtel Métropole y reçoit régulièrement des touristes arabes à raison de 40'000 nuitées par année en moyenne [2]. L’hôtel offre des prestations à la hauteur de la richesse de ses clients, comme l’illustre, par exemple, la croisière en bateau sur le lac de Brienz suivie d’un barbecue halal qui leur est proposée.

Avec des atouts pareils, la Suisse ne craint guère la concurrence du tourisme certifié « 100% halal », - qui se développe actuellement un peu partout dans le monde à l’instar de la Turquie ou du Liban. Le tourisme arabe y a encore de beaux jours devant lui.

[1]http://www.crescentrating.com

[2]http://www.24heures.ch/vivre/societe/hotels-suisses-seduisent-musulmans/story/16987688?dossier_id=1860#clicked0.6901863676030189

 

 

 

*By Ayman Abualkhair

 

The Arab world, home to more than 360 million people, with a Gross Domestic Product of around $2.8 trillion, is playing a greater role in the world economy.

Abundant revenues from oil and gas have helped the region amass enormous wealth, which, if invested wisely will be the cornerstone of diversifying local economies.

Arab countries, led by the GCC states, have the largest sovereign wealth funds in the world, with total assets estimated at about $2 trillion (38% of the total world assets).

Investment in the region has increased from $6.1 billion in 2000 to $79.3 billion in 2009, an amount comparable to that of China ($95 billion in 2009). An ongoing pattern of global economic growth, coupled with the fact that emerging economies grow much faster than their advanced counterparts, and the shift in global economic power, will make the Middle East and Africa the fastest growing regions in 2018. This projected growth, however, would require significant investments mainly in infrastructure, renewable energy, health and education, to name a few.

With more than 135 million internet users in the Arab world, a new generation of tech savvy entrepreneurs is emerging. This region is expected to post robust growth over the next decade both in terms of population and GDP. By 2015 the Arab population is forecast to reach 371m, about 50% increase over the level in 2000. Meanwhile, real GDP (based on PPP) is expected to grow by a staggering 190%.

The economic struggle

Improving business conditions in the region and attracting new investment are on top of local governments’ agenda. The battle is now between economic ministers and government entities to create and sustain the most competitive, growth-oriented economy.

In fact, it was The Economist who predicted that “war will break out in 2011 not on the battlefield, but in finance ministries eager to climb the ranks of the world’s most business-friendly economies”.

This what exactly the Arab world needs in these extremely challenging times. In recent years, a number of Arab governments implemented regulatory reforms aimed at improving business environments at home. Investing the Arab funds locally and attracting FDIs are absolutely crucial in order to satisfy the increasing needs for infrastructure, transport, education, health care, housing, business services, logistics, agriculture, oil and petrochemicals, financial sector, defense, industrial output as well as Islamic products.

Several Arab governments implemented regulatory reforms in the past years aimed at improving the business environment for local entrepreneurs, according to Lopez-Claros, Global Indicators and Analysis, World Bank. Most MENA countries offer corporate tax holidays ranging between 2 years in Jordan and 20 years in Egypt, with the option to be extended in the case of supplementary investments.

Export/free zones (FEZs) are also common in the MENA region. Doing business in free zones, mainly in the Gulf, gives businesses large and small access to some of the world’s most prominent infrastructure and tourism hotspots.

The stock markets in the Arab world offer big opportunities as well. The well-known magazine Forbes Middle East has described the Arab stock markets as witnessing robust growth from 2013 to date, and the economic outlook for Middle Eastern countries as being bright. Capitalisation in the Middle East and North Africa (Mena) stock markets is only 2% on a global scale thus offering abundant opportunities for investment in the region, particularly but not exclusively in the UAE, Qatar, Morocco, Egypt and Saudi Arabia.

The Saudi stock exchange, which opened to international investors in 2015, is particularly interesting because its stock market (Tadawul) is the largest in the Middle East with $580 billion market capitalization (ca 1% of world’s stock market), compared to the cumulated market capitalization of United Arab Emirates’ (UAE) Dubai and Abu Dhabi of around $245 billion and Qatar of about $200 billion (Persian Gulf Fund).

 

Renewable Energy: The “Green Petrol”

There is also a rising demand for green energy in the region, from the Arabian Gulf all the way through to Africa and the wider Middle East.

Electricity demand is expected to increase by 84% in 2020 compared to 2010 levels, which would require an additional 135 GW of generating capacity, the equivalent of about $450 billion investment. For the first time, Arab governments have come to a broad political consensus by adopting a strategy for the development of renewable energy, which will increase installed renewable energy power generation capacity in the region from about 12 GW in 2013 to 75 GW by 2030. The contribution of renewable energy to total electricity generation is projected to reach between 4.7% and 9.4% by 2030. This energy will be necessary to satisfy mainly the needs in cooling and heating.

Islamic Economy: A New Horizon

Ten out of 30 countries with large Muslim populations have some of the world’s fastest growing emerging markets. The driving force of the Islamic economy is its population of about 1.6 billion, which is expected to rise to 2.2 billion by 2030. Furthermore, the majority of Muslim populations are structurally young: people under the age of 30 make up about 60% of the population and have significant purchasing power.

According to a report released by Thomson and Reuters “State of the Global Islamic Economy 2013”, the total size of the global Islamic economy is expected to reach over $6 trillion in 2018, with major sectors including finance and insurance, halal food, halal pharmaceuticals and cosmetics, modest clothing, Islamic values-influenced travel and media as well as recreation sectors.

Islamic Finance, currently, valued at over $ 1.2 trillion, is expected to more than double in size by 2017, reaching $ 2.7 trillion. Halal food industry and Islamic friendly family holidays are growing in popularity as well. The collective global Muslim food and non-alcoholic beverage (F&B) market is larger than F&B consumption of China, while Muslim tourists spent $137 billion on travel in 2012 and already account for more than 12.5% of global tourist spending. This sum is expected to grow to $181 billion by 2018.

Muslim consumers globally spent $224 billion on clothing & footwear consumption in 2012 (10.6% of global expenditure) and this is expected to grow to $322 billion by 2018(second after the United States). Geographically, Asia and Africa are expected to contribute significantly to the growth of the Islamic Economy, with approximately 95% of the global Muslim population expected to move to these regions by 2030.

However, despite its numerous advantages, the Arab world is still reeling from the ongoing political turmoil in the region. The absence of a demonstrated international competitiveness in both manufacturing and services as well as corruption constitute one of the main obstacles for doing business. Institutional reform, capacity building, reforming the education and the regulations facing business remains essential. Moreover, the Arab world needs to create a dynamic private-sector in order to create sufficient employment. This will be done through high competitiveness, an educational system which meets the labour markets’ needs, and through encouraging applied sciences to transform ideas into real business projects, as well as through more consolidated trade and economic relations with the rest of the world.

If the Arab region’s employment challenge can be successfully addressed, the region’s young demographic could then turn from a potential liability to a significant advantage. Now is the time to invest in the region, not only because of the high return on investment it can offer, but also because the birth of the new economic paradigm, the future “G7”.

 

*Mr. Ayman Abualkhair has a master in environmental economics and natural resources from “Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales” in Paris. He has worked during 8 years for the promotion of Arab-Swiss economic relations at the Arab-Swiss Chamber of Commerce and Industry. He is the founder of the Swiss Arab Entrepreneurs Platform.

 

Read also: Swiss-Arab Trade Partnership in the digital age

 

Swiss Arab Entrepreneurs Platform:

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Par: Olivier Rigot

La décision de la Banque Nationale Suisse (BNS) d’abandonner le 15 janvier dernier le taux plancher établi en 2011 à Chf 1,20 contre euro a fait couler beaucoup d’encre récemment. Il nous paraît important de revenir sur ce sujet que nous avons abordé à plusieurs reprises dans nos publications ces dernières années car de nombreux aspects liés à cette décision récente n’ont pas été traités. En préambule, nous rappellerons que nous avons été de fervents critiques de cette politique interventionniste sur le marché des changes qui devait demeurer temporaire dans le temps et qui, finalement, s’est révélée un piège dont la seule porte de sortie a été la décision annoncée en catastrophe un jeudi en milieu de matinée en plein négoce sur les marchés financiers. La BNS a réussi en l’espace de quelques heures à créer un choc déflationniste pour l’économie suisse alors que toute sa politique était destinée ces dernières années à contrecarrer la survenance d’un tel risque.

Par: Alexia Michiels*

Les salariés sont plus motivés qu’ils ne l’étaient il y a 4 ans mais le prix à payer est élevé, d’après une nouvelle étude du Resilience Institute. Le temps est venu pour les dirigeants de créer un environnement de travail qui favorise la performance tout en stimulant le bonheur et le bien-être des collaborateurs.

L’étude réalisée entre 2011 et 2014 sur plus de 13 000 salariés de 250 entreprises en Europe, Australie et Asie mesure les facteurs liés à la résilience. Le Resilience Institute définit les personnes résilientes comme faisant preuve de

  • Rebond - ténacité et capacité de rebond face à l’adversité
  • Courage - enthousiasme face aux changements et défis
  • Créativité - développement des talents et des opportunités
  • Connexion - humilité, respect et bienveillance vis à vis des autres et de la nature

Entre 2011 et 2014, le nombre de personnes qui trouvent leur job “extrêmement motivant” a augmenté. Bien que cela soit une excellente nouvelle pour les employeurs, les DRH et les organisations en général, les employés sont aussi dans le même temps moins résilients...

Les données recueillies ces 4 dernières années indiquent une tendance négative des facteurs de résilience relatifs au bien-être tant mental que physique. 


En général, les collaborateurs se sentent moins alignés avec leurs valeurs personnelles, ils se sentent submergés par un sentiment de confusion. La qualité de leur sommeil et de leur nutrition en est négativement affectée. Ces données nous montrent aussi que les collaborateurs s’inquiètent davantage à propos du futur.

Quand les collaborateurs sont très motivés et engagés dans leur activité professionnelle, ils peuvent se faire prendre au piège de cycles de travail ininterrompus. Nous savons que cela réduit la productivité et mine la résilience individuelle.

L’étude du Resilience Institute montre aussi que les risques de burnout sont corrélés à de bas niveaux de résilience. Le burnout a un impact négatif très important sur les résultats d’une organisation en augmentant l’absentéisme et en diminuant la productivité, et a un coût humain très lourd pour la société. D’après l’enquête de l’Institut Think pour Great Place to Work (www.greatplacetowork.fr), près d’une personne sur cinq risque de souffrir de dépression ; les organisations qui cherchent à développer la productivité et la motivation de leurs collaborateurs auraient tout intérêt à se donner les moyens de développer leur résilience.

L’étude montre qu’en ce qui concerne la résilience, mental et physique vont de pair. Prendre soin de son mental et de sa condition physique (attention, concentration, exercice, nutrition, sommeil) est ce qui a le plus d’impact sur les niveaux individuels de résilience.

Les organisations doivent donc contre balancer la pression à la performance par un investissement dans les compétences de résilience de leurs équipes.

Pour l’individu et l’organisation, l’intégration d’approches visant à mieux gérer l’énergie physique, mentale et émotionnelle est la meilleure garantie de faire face aux défis du monde actuel dans un contexte de performance durable.

L’analyse des données confirme que les programmes d’accompagnement proposés par le Resilience Institute portent leurs fruits. Une évolution très significative de la vitalité physique et du niveau de concentration des salariés se vérifie à la lecture des post-diagnostics de résilience effectués 3 à 6 mois après la phase ateliers. D’une manière générale, les programmes renforcent l’engagement sans mettre en péril l’équilibre des salariés.

Pour plus d’infos, contactez Alexia Michiels : This email address is being protected from spambots. You need JavaScript enabled to view it.

www.resiliencei.com

*Alexia Michiels: D’origine belge et basée à Lausanne, Alexia est co-fondatrice du Resilience Institute Europe. Elle accompagne les leaders et leurs équipes afin de créer une culture résiliente au sein de leur organisation, favorisant à la fois l’épanouissement personnel et la performance. Passionnée par l’approche intégrale et pratique du Resilience Institute, Alexia est une consultante dynamique, mariée et maman de 4 enfants.

 Par: Mohamed Mondher Belghith

La Banque Mondiale vie de publier, le 15 avril 2015, un rapport de l’Observatoire Economique de la Région MENA intitulé : « Un nouveau contrat social au Moyen Orient et en Afrique du Nord »1. Ce rapport brosse un tableau sur l’évolution et les perspectives de la croissance dans cette région et analyse les carences du développement qui font apparaître la nécessité de revoir en profondeur les rapports entre l’Etat, les citoyens et les agents économiques dans cette partie du monde. Si l’analyse et le diagnostic effectués par l’Observatoire, ainsi que la nécessité d’un nouveau contrat social peuvent faire l’unanimité, les quelques remèdes préconisés seront loin de convaincre les différentes sphères de la politique et de l’économie tant elles sont conformes aux dogmes immuables de la Banque Mondiale qui est, elle aussi, appelée, à mon humble avis, à refonder ses optiques et ses politiques notamment en direction des pays en développement.

 

Dans une première partie, le rapport présente un aperçu général des récentes évolutions de l’économie de la région et des prévisions futures à travers les projections de la Banque Mondiale, du FMI et du consensus établi, en comparaison avec les perspectives mondiales et en tenant compte de la chute des prix du pétrole. La deuxième partie a été consacrée aux carences des modèles de développements à travers l’analyse de l’évolution de l’emploi dans le secteur privé, la qualité des services publics et les principales recommandations qui se résument en la nécessité de redéfinir les contrats sociaux dans les pays de la région.

Le rapport présente, par ailleurs une analyse des effets du blocus de la bande de Gaza sur son économie en comparaison avec celle de la Cisjordanie. Un bref aperçu sur l’évolution de chaque pays est présenté en fin du rapport.

Une croissance molle

Sur le plan de la croissance économique, les prévisions indiquent que le taux de croissance du P.I.B de la région restera stable et se situera dans les limites de 3.1% à 3.3% en 2015 et de 3.6% à 3.9% en 2016, sauf si la situation s’améliorait en Libye et que les exportations de pétrole augmenteraient, auquel cas la croissance pourrait atteindre 4% à 5% ; alors que la moyenne mondiale sera entre 3% et 3.5% en 2015 et entre 3.3% et 3.7% en 2016.

La mollesse de la croissance de la région trouve son origine, selon le rapport, dans 3 raisons majeures, à savoir :

  • la persistance et la longue durée des conflits et l’instabilité politique dans plusieurs pays de la région (Syrie, Iraq, Libye, Yémen) ;
  • la chute des prix du pétrole qui induit une baisse des taux de croissance des pays exportateurs ;
  • la lenteur des réformes.

La conjonction de ces phénomènes ne pouvait qu’entrainer la baisse des investissements, la recrudescence du chômage et l’aggravation du déficit des finances publiques.

Mais ce taux de croissance moyen pour la région cache en fait des disparités importantes entre les différents pays de la zone. En effet, pour les pays importateurs de pétrole, le taux de croissance prévu pour 2015 est estimé à 4% à la faveur de la chute des cours et de la mise en œuvre de certaines réformes en particulier en Egypte (4.3%) et au Maroc (entre 4.6% et 4.8%). Quant à la Tunisie, qui a achevé sa phase de transition politique, elle connaîtra un début de reprise timide de 2.6% en 2015 et de 3.4% en 2016 contre 2.2% en 2014 grâce, notamment, au rebond des industries manufacturières et du tourisme malgré les effets de la dernière attaque terroriste au musée du Bardo.

En Jordanie et au Liban, les économies sont en train de reprendre lentement mais surement malgré les incidences des guerres civiles dans les pays limitrophes. Le taux de croissance de la Jordanie avoisinera 3% en 2015, soit un peu plus que son niveau de 2010. L’accroissement des investissements publics et la réduction du déficit de la balance commerciale y ont largement contribué. Au Liban la croissance demeurera en dessous de 2.5% en 2015 et 2016 mais pourrait atteindre son niveau des années 2000 si l’impasse politique actuelle trouverait une solution rapide.

L’économie palestinienne continue à souffrir sous le poids du blocus de la bande de Gaza. La croissance attendue en 2015 est estimée à moins de 1% en 2015 après une contraction de 0.8% en 2014 sous l’effet de la croissance négative de 15% enregistrée par la bande de Gaza (contre 4% en Cisjordanie) avec la baisse des fonds alloués par les pays donateurs et les restrictions de l’occupant israélien sur l’introduction des matériaux de construction.

Pour les pays exportateurs de pétrole, la croissance s’établira autour de 2.8% en 2015 avec 3.2% à 3.8% pour les pays du CCG et une stagnation pour les autres pays exportateurs avec un taux de croissance inférieur à 1%. Selon les prévisions de la Banque Mondiale les pays du CCG perdraient près de 215 milliards de dollars de leurs revenus pétroliers en 2015, soit près de 14% de leur PIB. Si le Royaume d’Arabie Saoudite, les Emirats Arabes Unis, le Koweït et le Qatar peuvent résister aux effets négatifs des faibles cours du pétrole grâce à leurs larges réserves, il n’en va pas de même pour le Bahrein ou Oman qui ont moins de marges de manœuvres. Cependant, malgré le matelas financier qu’ils possèdent, ces pays ne manqueront pas de sentir les effets de ces faibles cours sur leurs budgets.

Pour les autres pays exportateurs de pétrole, la situation sera encore plus difficile. En Algérie, le taux de croissance en 2015 chutera de moitié et s’établira autour de 2.5%. Le pays devra faire face à un doublement de son taux de déficit budgétaire par rapport au PIB et son déficit courant passera de 4.2% du PIB en 2014 à 18.6% en 2015. Le ralentissement de l’activité économique entrainera un accroissement du taux de chômage qui passera de 9.8% en 2013 à 10.6% en 2015 et 11% en 2016.

Pour les pays en conflit, les perspectives économiques sont plus obscures. En effet, en Iraq, les attaques de l’EI ont entrainé une large envolée des dépenses militaires qui ont fortement impacté l’économie de ce pays. La croissance y sera négative en 2015 après une contraction de 0.5% en 2014 due au déclin de l’activité économique dans les zones occupées par les insurgés de l’EI. Le déficit budgétaire risque d’atteindre 10.6% du PIB. Les dépenses publiques courantes qui constituent près de 70% du budget laissent peu de place à l’investissement public qui est en train de décliner. Beaucoup de projets ont même été arrêtés.

Pour ce qui est de la Libye, en plus de l’impact de la baisse des cours, le conflit a entrainé l’interruption des exportations du pétrole. L’activité économique s’est contractée de près de 24% en 2014 après une baisse de 13% en 2013. Et malgré quelques prémices d’amélioration, l’activité économique restera encore faible en 2015. Et si le pays compte sur ses larges avoirs à l’étranger, force est de constater que celles-ci ont régressé, à la fin décembre 2014, de 40% par rapport à leur niveau de juillet 2013.

S’agissant du Yémen, la situation politique et sécuritaire a été à l’origine de la stagnation enregistrée en 2014 avec une croissance nulle après un accroissement de 4.8% en 2013. En 2015, une contraction est attendue avec la persistance et l’aggravation des risques sécuritaires. Le déficit budgétaire a augmenté pour atteindre 8.7% du PIB en 2014. Et cette tendance se poursuivra en 2015.

En Syrie, en l’absence de données en raison de la poursuite de la guerre civile, certaines prévisions font état d’une baisse du taux de contraction de l’économie, voire même une croissance positive de 2% en 2015 qui serait impulsée par une grande mobilité des affaires vers les zones côtières qui connaissent plus de stabilité.

La chute des cours du pétrole et le déficit budgétaire : des effets contrastés

Au niveau des finances publiques, et en tenant compte de la baisse des cours du pétrole, la région MENA verra son excédent de 0.1%, prévu initialement pour 2015, ramené à un déficit de 8%. En effet, pour les pays du CCG on passera d’un excédent prévu de 5.3% à un déficit prévu de 7%. Quant aux autres pays exportateurs de pétrole, leur déficit estimé pour 2015 passera de 2.7% à 9.3 %.

Par contre pour les pays importateurs de pétrole, le déficit sera ramené de 8.9% à 8.7%. Mais il faut noter, aussi, que la baisse des revenus du pétrole risque, par ailleurs, de réduire le montant des transferts des travailleurs immigrés dans les pays du golfe, ce qui affecterait principalement l’Egypte, la Jordanie et le Yémen, où ces transferts constituent une source importante des recettes extérieures. Elle ne manquera pas d’avoir, en outre, des répercussions majeures sur l’aide financière et les investissements des pays du golfe en direction des autres pays de la région.

Création d’entreprise et emploi : Un manque de vivacité et de dynamisme

Dans un chapitre consacré à la création d’emplois dans le secteur privé, le rapport indique que dans la région MENA, comme dans les économies à fort taux de croissance, la majorité des postes d’emploi sont créés par les nouvelles entreprises et les start-ups. A titre d’exemple en Tunisie et au Liban, toute la création nette d’emploi a été générée par les nouvelles entreprises dans leur phase de lancement, soit les quatre années suivant leur création. En Tunisie entre 1996 et 2010, 580000 emplois ont été créés par les micro-start ups, soit 92 % des nouvelles créations d’emploi. Au Liban, ces petites nouvelles entreprises ont généré 66000 emplois entre 2005 et 2010, soit 117% de la création nette ; en deuxième position on retrouve les nouvelles grandes entreprises (employant entre 200 et 1000 employés) avec 12000 créations.

Le problème dans cette région réside dans la faiblesse du nombre d’entreprises qui se créent et de celles qui disparaissent pour permettre à d’autres nouvelles unités d’entrer sur le marché. Ainsi, l’âge médian des entreprises est le plus élevé dans le monde en développement. Le taux de sortie du marché des entreprises est à peine plus élevé que 4% dans l’industrie manufacturière et de moins de 6% dans les services, alors que le taux d’entrée de nouvelles entreprises dans ces deux secteurs est, respectivement, de 8% à près de 10%.

Par ailleurs, les petites entreprises restent, presque toujours de petite taille ou disparaissent. En Tunisie et au Maroc, une toute petite fraction des micro-entreprises ou d’entreprises individuelles a pu évoluer vers une catégorie supérieure en 10 ans.

Les 4 raisons essentielles invoquées par les chefs d’entreprises pour expliquer cet état de fait sont l’incertitude macroéconomique ainsi que celle de la régulation, l’instabilité politique et la corruption. L’accès au financement n’a été invoqué qu’en 11 position.

L’instabilité politique et sécuritaire a contribué à éloigner l’investissement étranger du secteur des industries manufacturières générateur d’emploi et de transfert de technologie au profit de l’immobilier et des industries extractives peu pourvoyeurs d’emploi.

Sur un autre plan, le rapport indique que l’attractivité du secteur public en raison de l’importance des avantages sociaux et des hauts salaires qu’il prodigue font monter les salaires du secteur privé et le rendent moins compétitif. Les jeunes sortants de l‘enseignement qui préfèrent attendre un emploi dans le public vont rejoindre le secteur informel avec de bas salaires et sans aucune sécurité. La part du secteur informel a énormément augmenté au cours de la dernière décennie pour atteindre 67%. Cela a entrainé, par ailleurs, l’exclusion d’une bonne partie des femmes de la population active (découragées de trouver un emploi dans le formel) malgré leur formation et leur niveau d’instruction. Le contrat social ancien où le gouvernement était le principal employeur est donc rompu. Pour les auteurs du rapport ce modèle devrait être remplacé par un nouveau contrat où le gouvernement doit œuvrer à faciliter l’émergence d’un secteur privé dynamique et créateur d’emploi.

Pour un nouveau contrat social

Dans cette partie, le rapport présente, d’abord, une image instantanée de la région MENA qui donne une idée décourageante avec des conflits armés, en Syrie, Iraq, Libye et au Yémen. Ces conflits sont en train de détruire des vies humaines et dévaster les infrastructures et les économies nationales, avec des effets néfastes sur les pays limitrophes tels que le Liban, la Jordanie ou la Tunisie. Il précise que le coût de la guerre en Syrie et des attaques de l’EI est estimé à 35 milliards de dollars en terme de production perdue entre 211 et 2014. Pour les pays en transition, comme le Maroc, l’Egypte, la Tunisie et la Jordanie, les réformes de l’économie sont mises en œuvre lentement quoique dans un contexte de croissance anémique, de déficit budgétaire élevé et d’un chômage des jeunes en constante augmentation.

Toutefois, les perspectives à plus long terme révèlent, selon les auteurs du rapport, plus d’homogénéité de la région et un avenir plus optimiste. Malgré leurs différences actuelles, les pays de la région ont suivi, depuis leur indépendance, plus ou moins, le même modèle de développement. L’Etat devait y fournir des services de santé gratuits, l’éducation pour tous et des subventions pour les produits alimentaires et l’énergie. Le secteur public était l’employeur formel le plus important. En retour des largesses de l’Etat, la voix du peuple était limitée.

Ce contrat social a réussi à donner des résultats tangibles sur les plans économique et social. En effet, dans les années 2000, la croissance moyenne était de 4 à 5% par an, les taux de pauvreté ont baissé, tous les enfants bouclaient leurs études primaires, le nombre des élèves du secondaires et des étudiants du supérieur étaient en constante augmentation, notamment les jeunes filles. La région a, en outre, réalisé la plus forte baisse de la mortalité infantile dans le monde. Et contrairement à la perception générale, l’inégalité mesurée selon les standards internationaux tels que le coefficient de Gini, était plus faible que dans les pays comparables.

Après les années 2000, des signes d’essoufflement apparaissent, indiquant que ce modèle commence à s’effilocher. La combinaison de compensations élevées et d’un large secteur public avec de hauts salaires était difficilement supportable pour les budgets des Etats. Les déficits ont commencé à s’élargir. Les recrutements dans le secteur publics ont été limités et la part de l’emploi dans ce secteur a commencé à décliner. Mais le secteur privé formel n’a pas pu absorber les vagues de plus en plus importantes des sortants de l’enseignement qui arrivaient sur le marché du travail. Les taux de chômage ont donc augmenté pour atteindre le plus haut niveau dans le monde en développement.

Le secteur informel s’est développé, comme cité supra, et employant surtout les hommes, une majorité de femmes découragées sont sorties de la population active. La région se retrouve avec, toujours, le taux le plus faible de la participation de la femme au marché du travail, soit 21.6% contre 63.6% en Afrique sub-saharienne et 61.3% en Asie de l’est et le Pacifique.

En même temps et en continuant à financer la santé et l’éducation, le secteur public a échoué sur les deux fronts de la qualité et de l’équité. Aussi, avec la détérioration de la qualité qui a touché tous les services publics et qui apparaissent dans les résultats alarmants enregistrés par la région (en matière de résultats scolaires, de coupures d’électricité, d’adduction d’eau potable…), les populations se sont-elles trouvées poussées vers le secteur privé où les chances d’équité sont loin d’être garanties et où les prix sont déterminés par le marché. La responsabilisation et la redevabilité envers les citoyens ne fonctionne plus, notamment pour les plus pauvres, et la confiance des citoyens envers leurs gouvernants et leur participation à la vie publique s’en est trouvée fortement ébranlée. Les soulèvements populaires du printemps arabe en sont la plus évidente expression.

 

Que devrait-on faire ?

Les auteurs du rapport recommandent de mettre en place un nouveau contrat social qui soit plus à même de répondre aux besoins et aux aspirations des nouvelles générations. Ce contrat devrait redéfinir le rôle de l’Etat qui:

  1. au lieu d’être le principal employeur devrait promouvoir la compétition dans le secteur privé et l’égalité des chances entre tous les entrepreneurs.
  2. Au lieu de fournir des services publics gratuits ou subventionnés et de piètre qualité, devrait remplacer les subventions par des transferts monétaires ciblés et laisser le marché déterminer les prix pour tous.
  3. Consacrerait les dépenses publiques pour le financement des biens publics comme l’infrastructure et les transferts monétaires.

 

Ces changements qui devraient toucher tous les secteurs en même temps, ne peuvent, cependant, pas être opérés du jour au lendemain et au même rythme pour tous les pays. Pour les pays en guerre, il faudrait d’abord résoudre les conflits. Pour les pays en transition il faudrait engager les réformes en concertation avec les forces politiques pour éviter tous les risques de déstabilisation. Pour les pays pétroliers, les changements peuvent être mis en œuvre sur un plus long terme.

Et le rapport de conclure que « dans la mesure où les pays de la région MENA ont montré qu’ils pouvaient s’en sortir avec l’ancien contrat social et à permettre à leurs citoyens de bénéficier de progrès substantiels, ils peuvent faire de même avec un nouveau contrat social. »

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